Sophie Jomain / Quand la nuit devient jour

Quelques infos sur le livre :

Quand la nuit devient jour

  • Auteur : Sophie Jomain
  • Serie : 
  • Genres : Romance / Littérature blanche
  • Editeur : Pygmalion
  • Collection : 
  • Publication: 27/ 04/ 2016
  • Edition: Broché
  • Pages : 224
  • Prix : 16€
  • Rating:   

Résumé :

“On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des noeuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.

La dépression.

Ma faiblesse.

Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.

J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.

Le 6 avril 2016.

Par euthanasie volontaire assistée.”

 

Avis de TeaCup :

 

Je tiens à remercier les éditions Pygmalion pour l’envoi de ce SP.

J’ai lu le résumé de ce livre et j’ai trouvé le sujet incroyablement courageux. Je me suis dit c’est une belle idée d’écrire sur cette réalité souvent tabou, souvent ignorée… j’étais curieuse. Je ne savais pas qu’une euthanasie pour un tel problème que la dépression chronique pouvait exister, donc je voulais le lire. Bien sûr on pourra faire le parallèle avec « Avant toi » qui parle aussi d’euthanasie (et sûrement d’autres livres même si je n’en ai pas lu), mais pour le coup, tout le monde comprend bien la volonté du héros vu sa situation, moins celle de Camille, dépressive. C’est sûrement tout l’intérêt de ce roman et je suis ravie qu’il existe pour ses raisons même si je ressors de ma mitigée sur bien des points.

Le début est un très trèstrès long prologue (surtout sur un roman de 230 pages quand tout ce début prend plus de 40 pages). Comme un long dossier médical très fastidieux qui présente toutes les affres par lesquelles passe l’héroïne pour avoir droit à son jugement en faveur d’une euthanasie volontaire. Je comprends l’idée de justifier la situation, mais de manière aussi lourde je n’ai pas pu, j’avais l’impression de lire un dossier médical, aucun des côtés psychologiques ou des maltraitances qu’elle s’inflige ne m’a dérangée parce que je suis trop sensible, c’est l’exposition elle-même qui ne m’a pas convaincue. Puis on arrive enfin au chapitre 1 et on reprend une forme de narration plus classique avec des dialogues, de l’action, etc. avec l’installation de Camille dans la clinique qui l’accueillera jusqu’au moment de l’euthanasie volontaire.

Une phrase du résumé m’avait échappé, car elle apparait sur la couv papier, mais pas sur le résumé dispo sur internet (je ne spoil donc rien l’éditeur l’annonce) « L’amour est parfois caché dans l’inconnu ». Là, j’ai réalisé assez vite que c’était THE info qui changeait tout… et j’ai commencé à redouter le déroulé. Car après ce long début, le temps que les choses se fassent j’ai réalisé le nombre de pages et je me suis demandé comment dans un tel cadre une histoire d’amour pouvait en plus s’ajouter… J’ai eu la sensation que l’histoire était trop importante pour aller si vite, qu’il me manquait des scènes, du vécu des personnages, que tout allait incroyablement vite à part les moments de dépression profonde. Camille est dépressive et cyclothymique (changement brusque de l’humeur) donc elle passe de tout à son contraire, OK. La narration l’illustre. Reste que ça crée, pour moi, un rythme particulier avec lequel j’ai eu un mal fou.

Malgré tout ce qu’on nous décrit, je suis restée très loin de Camille. Dans ses scènes les plus désespérées elle ne m’a pas donné envie de la serrer dans mes bras ou de pleurer pour elle, dans les moments où elle allait bien je n’étais pas ravie de la voir se relever, même pour un instant. C’est le profond malaise qui me reste du livre : je m’attendais à avoir le cœur mis à rude épreuve et…. pas du tout. En plus je suis rarement froide, j’ai pleuré sur “Nos étoiles contraires”, “Avant toi” (plusieurs fois)… c’est bien ce qui m’a fait ressentir à quel point la rencontre ne se faisait qu’en partie avec ce roman et Camille.

Après je n’ai aucun jugement de valeur sur « elle a tort » ou « elle a raison », le livre le dit et c’est l’aspect avec lequel j’étais le plus en phase : on ne peut juger sans le vivre. C’est de l’ordre de l’intime de l’indescriptible et peut-être que c’est bien le problème.

J’ai cherché à comprendre pourquoi je ne basculais pas, il y a quelques éléments objectifs : le prologue. Le format court. Uneremarque générale aussi sur la formulation des phrases dont une multitude (parfois des paragraphes entiers à la chaîne) énormément de phrases sont basées sur le « Je… » : « je suis » « j’ai été » « je pense »… du coup il y a une monotonie quand on lit qui s’installe.Et un côté… égocentrique. Peut-être totalement voulu par l’auteur pour transcrire la dépression, reste que ça a été difficile pour moi à lire par moment (ça va et ça vient cette impression, ce n’est pas constant).

Il y a aussi des dialogues peu naturels avec des phrases que je n’imaginerais personne dire à l’oral (genre une confrontation où elle doit expliquer son choix à ses proches, pas une hésitation un déroulé tout net tout propre… qui ne butterait pas pour dire ce qui est si complexe à exprimer ? Dans ce même passage, l’héroïne dit « Je brûle » en permanence, etc., mais elle utilise cette image de « brûler » que j’ai trouvé originale, parlante, percutante… puis soudain un personnage secondaire dit exactement ces mots sans l’avoir entendu de la bouche de Camille… ? Là je n’ai pas compris. Comme si c’était un message de l’auteur et plus de Camille. Je ne sais pas « je sombre » est très bateau, je brûle, moins. D’où le fait que ça m’a marqué et dérangé de le voir sortir naturellement chez plusieurs personnages.

Enfin, deux choses m’ont énormément frustrée sur la fin.

Un court paragraphe nous propose un second POV (je ne dis pas qui que quoi aux lecteurs de découvrir), cet aperçu m’a fait un premier électrochoc. C’est donc là que se trouvait l’émotion !! Ce point de vue en alternance m’aurait plongé dans le roman jusqu’au fond des tripes, 5 ou 6 pages qui m’ont parlé plus que les 200 autres. Car là l’émotion m’a tout de suite semblé parfaitement retranscrite, la voix était juste elle était différente… à un point que j’en ai eu le vertige et une frustration sans nom de passer à côté le reste du temps. Bien sûr ce n’est que mon ressenti, mais alors qu’est ce que ça m’a rendu triste L un groooos regret qui va me rester. L’auteur n’a pas fait ce choix, je le respecte totalement, mais du coup je réalise que c’est ainsi que j’aurais pu avoir un coup de cœur pour ce roman, à titre personnel.

Dernier point (ma chronique est déjà fort longue je doute que beaucoup la lise !!) : si je n’ai pas adhéré/me suis pas attachée à Camille, je pensais l’avoir comprise. L’auteur répète et explique beaucoup ses choix et ses raisons, ils nous semblent tout à fait justifiés et respectables…Alors quel est ce positionnement lors de l’épilogue ? Je n’y ai rien trouvé de respectueux, j’ai trouvé ça d’un égoïsme sans nom à me faire détester l’héroïne et à la trouver lâche pour la toute première fois. Ça a brisé l’image que je m’étais faite d’elle, tout son courage, son discours en ont été entachés. Comment peut-elle faire ça après avoir tant dit qu’elle respectait ses proches et souhaitais juste mener sa vie comme bon lui semblait même dans la mort ? … Le souci c’est que du coup j’ai eu l’impression de n’avoir rien compris de l’héroïne où que ça n’avait aucune suite logique dans cette histoire. Difficile d’en dire beaucoup, je ne tiens rien à dévoiler.

Donc, malgré un avis assez mitigé je reste contente que ce roman existe, car c’est un sujet à traiter quoi qu’il en soit. Je ne doute pas que d’autres contrairement à moi embarqueront immédiatement. C’est une histoire de ressenti personnel. J’aurais tellement aimé devenir Camille et entrer profondément dans le roman, je suis sûre que ça aurait été une expérience plus qu’une lecture. Le sujet n’est sûrement pas simple, d’où le fait que les choix de l’auteur parleront à certains plus qu’à d’autres. Il y a sans doute beaucoup de recherches de la part de l’auteur, j’ai trouvé tout ça bien… carré, fait. Mais manque d’émotion pour moi. Il y a quelques beaux moments, la couv est magnifique, simple et avec un côté métaphorique que j’ai aimé. Il y a les oiseaux d’origami en reliefs qui donnent un beau rendu. J’aimais le titre avant d’en comprendre la raison.

 

Extrait :

J’ai toujours été rebutée par l’idée de me contempler dans un miroir. La petite fille aux longs cheveux blonds, timide, réservée et nerveuse qui m’observait fixement était une étrangère que je n’acceptais pas. Je ne la comprenais pas. Elle m’effrayait même. Je l’ai donc évitée le plus longtemps possible.
Elle est revenue à la charge à l’adolescence. Son image me dégoûtait toujours autant. Je crois que c’était même pire. Elle possédait un visage aux joues creuses, mangé par de trop grands yeux, un cou immense, des côtes saillantes, des hanches pointues et des jambes si osseuses, que ses genoux évoquaient deux balles de tennis greffées par erreur. Je n’aimais pas ce que j’étais, ce à quoi je ressemblais. M’observer nue était aussi désagréable que fascinant et faisait naître en moi un profond sentiment d’injustice. Je mangeais comme quatre, sans restriction, mais j’étais maigre comme un clou alors que j’aurais tellement aimé être comme tout le monde.

 

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About TeaCup 90 Articles
TeaCup pourrait être mon vrai nom tant je suis accro au thé. Je suis une dévoreuse de livres compulsive, je lis de tout et en grande quantité (plus ou moins quoi !). J’ai pensé à me soigner, mais finalement j'ai atterri sur un blog de chroniques. Je soigne le mal par le mal en somme.

2 Comments on Sophie Jomain / Quand la nuit devient jour

  1. Bonjour Des tous les livres de Sophie Jomain est ce que j’ai aime moins… et je l’ai commence avec beaucoup d’entousiasme et j’etais assez decue….

  2. ok ce un doublon maintenant parce que m’ennerve que je recois toujours :Détection d’un doublon : il semble que vous avez déjà envoyé ce commentaire !-et bien sur est la premier fois que j’envotyes un doublon…
    et le deuxieme.-la nouvelle banniere est superbe!!!!!!!!!!!!!

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