Quelques infos sur le livre :
- Auteur : Jeff Backhaus
- Serie : /
- Genres : Roman contemporain
- Editeur : Milady
- Collection : Milady Litte
- Publication: 23/09/2016
- Edition: broché, poche
- Pages : 288
- Prix : 7,20€
- Rating:
Résumé :
« Je ne suis pas entré dans cette chambre un beau jour en fermant la porte derrière moi et en décidant de ne plus jamais ressortir. J’avais besoin d’une journée, pour pleurer seul. Puis d’une semaine. Puis d’un mois. J’étais fatigué, j’ai fait un somme. Quand je me suis réveillé, il faisait noir. Les murs étaient hauts. Il n’y avait plus moyen de sortir. »
Voilà trois ans que Thomas Tessler vit reclus dans la chambre de son appartement à New York. Trois ans que sa femme essaie de l’aider à surmonter le drame qui l’a conduit à déserter toute forme de vie sociale en renouant le dialogue avec lui, derrière la porte close. Trois ans qu’elle se heurte à un silence obstiné. Sa dernière chance s’appelle Megumi. Cette jeune Japonaise a fui sa famille quelques années auparavant. La porte close, elle sait ce que c’est : son frère était hikikomori, et elle a tout fait pour le sauver. Le destin de Thomas est désormais entre ses mains.
Avis de BimboStratus :
Je remercie fortement Milady pour ce SP, Hikikomori m’intriguait et il m’a bizarrement plu !
“Hikikomori” est un mot japonais qui désigne la situation que vivent certains japonais (souvent de jeunes adultes) en s’isolant du reste de la société, même de leur famille, ne sortant de leur chambre que pour satisfaire leurs besoins de base. Je ne vais pas partir sur l’analyse de ce qui les pousse à faire ça, ce n’est pas le sujet du bouquin et ça n’a pas trop d’importance ici (mais je vous invite à vous renseigner à ce sujet, c’est super intéressant). D’ailleurs pour être honnête j’étais un peu mitigée à l’idée de lire un livre écrit par un américain et parlant d’un phénomène de société japonais, mais au final j’ai trouvé le traitement assez juste et respectueux.
Dans ce livre on suit l’histoire de Thomas, américain de 30 ans enfermé dans sa chambre depuis 3 ans suite à un traumatisme important. Sa femme, Silke, à bout d’idées et de force, fait appel à Megumi, jeune japonaise expatriée aux États-Unis qui a connu une situation similaire, pour aider son mari.
La majorité du livre est à la première personne en ce qui concerne Thomas, quand on suit Megumi c’est à la troisième personne et on ne voit Silke qu’à travers le prisme des deux autres (ce que j’ai trouvé dommage, c’est presque une figurante). En faisant des recherches j’ai appris que c’est le premier livre de Jeff Backhaus, et du coup je suis plutôt agréablement surprise. Le style est fluide (après c’est une traduction).
J’ai été un peu bousculée par le livre, je ne m’attendais pas à me retrouver avec ces personnages, leurs histoires ne sont pas si complexes mais leurs ressentis et ce qu’on en perçoit le sont totalement ! C’est profond et on tombe dedans comme dans un gouffre. D’un côté on a beaucoup de mal-être, de blessures et d’incompréhensions, et de l’autre beaucoup d’espoirs, d’amour et de compréhension.
[début de spoil (pas trop de suspense non plus dans le livre, l’histoire est assez simple…)]Je pense que le personnage de Megumi va être super antipathique pour la plupart des lecteur-ice-s, mais sa relation avec Thomas a beaucoup d’importance dans leur rétablissement à tous les deux. Silke et Megumi sont deux femmes amoureuses avec une force hors du commun, elles se donnent pour que Thomas aille mieux et ça marche, même si c’est difficile pour les trois protagonistes. Si on sort du carcan de la toute sainte exclusivité affective, le livre dépeint simplement des êtres blessés qui s’aiment, s’aident, se trouvent et se perdent.
À noter : malgré le côté sexuellement – très – actif de Megumi, j’ai trouvé qu’elle n’était pas présentée comme une femme asiatique hyper-sexualisées et exotisée mais comme une femme indépendante et forte qui vit sa libido comme elle l’entend.
J’ai trouvé ce livre à la fois très doux et très dur, un superbe mélange.
Extrait :
Je suis accroupi derrière la porte de ma chambre, dans le noir, à écouter ma femme, à attendre qu’elle renifle ou qu’elle tousse, à l’affût du moindre signe que la voie n’est pas libre. Elle est à l’autre bout du couloir, dans la chambre destinée aux enfants, et je sais qu’elle laisse sa porte ouverte, que ses oreilles ne dorment jamais, qu’elle guette les indices de mes sorties –le pêne qui se rétracte ou le parquet qui craque. Elle n’a jamais le coeur en paix, elle doit rester allongée là, à retenir son souffle. La sueur dégouline le long de ma colonne vertébrale, jusqu’à mes jambes, mais je ne peux pas bouger, pas avant d’être bien certain qu’elle ne m’entendra pas me glisser furtivement dehors.
Vues : 23