Quelques infos sur le livre :
L’accouchement est politique – Fécondité, femmes en travail et institutions
- Auteur : Laëtitia Négrié et Béatrice Cascales
- Serie : /
- Genres : essai
- Editeur : l’Instant Présent
- Collection : Sciences Humaines
- Publication : 12/12/2016
- Edition : livre de poche
- Pages : 232
- Prix : 18€
- Rating :
Résumé :
Les luttes pour l’accès à la contraception et à l’IVG donnent l’illusion aux femmes qu’elles contrôlent entièrement leur fécondité. En réalité, la maîtrise de la fécondité se limite encore à la décision de poursuivre ou d’interrompre une grossesse, tandis que le droit à disposer de son corps dans le cadre de la prise en charge de la grossesse et de l’accouchement ne s’exerce pas si librement. Alors que 800 000 femmes par an sont concernées par la grossesse et l’accouchement, comment expliquer que les luttes pour l’autonomie des femmes enceintes et accouchantes restent confidentielles ? Il est temps de déconstruire cet impensé du féminisme. Pour le comprendre, deux choses sont nécessaires : d’une part un état des lieux de la restriction considérable de l’autonomie sexuelle et reproductive des femmes, et d’autre part, une analyse historique qui montre de quelle manière l’accouchement a été progressivement désexualisé et mis sous contrôle, alors que le féminisme des droits à la contraception et à l’avortement, en s’institutionnalisant, s’est détourné de la sexualité dans sa dimension positive et performative. Ainsi, une analyse féministe des violences obstétricales devient possible, et permet d’affirmer que l’accouchement est un événement de la vie sexuelle, potentiellement vecteur d’empuissancement, et que les futures mères sont aussi des sujets du féminisme.
Avis de BimboStratus :
Malgré son titre un peu déconcertant, ceci est un livre très éclairant. Les autrices ont fait des recherches sur l’accouchement et travaillé sur sa représentation sociale ambivalente : d’un côté on dit aux femmes qui peuvent enfanter que c’est naturel, qu’elles doivent savoir le faire, mais de l’autre on les encadre de façon stricte, en leur proposant peu souvent des alternatives au combo “allongée les pieds dans les étriers, tu écoutes et fais ce qu’on te dit et peut-être qu’on devra intervenir avec des gestes invasifs, mais c’est pas dit qu’on te préviendra !”
Toute la première partie du bouquin retrace l’histoire de la prise en charge de la grossesse et de l’accouchement, d’abord entre femmes puis avec un tutelle masculine et enfin via la (sur)médicalisation actuelle. C’était vraiment super enrichissant à lire, plein d’informations à découvrir dans ce passage qui remonte loin dans le temps.
La deuxième partie est une rétrospective féministe qui montre que l’accouchement et la maternité ont été oubliés des luttes pour les droits des femmes. Là encore, Très intéressant ! J’ai un peu décroché sur la fin, quelques répétitions, mais la conclusion est parfaite et rattrape les quelques longueurs !
Le livre est peut-être un peu pêchu pour quelqu’un qui n’y connaît rien au féminisme ou qui n’est pas militant, mais les autrices ont plutôt fait attention à bien expliquer les différents termes utilisés et expliciter leurs propos, donc normalement le texte est accessible à tous.
Je conseille de lire cet ouvrage à celles et ceux qui s’intéressent à l’accouchement et aux constructions sociales qui l’entourent, une petite pépite qui permet d’envisager cet acte comme une possibilité à part entière de la vie sexuelle des femmes.
Extrait :
“En démontrant aux femmes-mères leur faiblesse, leur vulnérabilité physique, psychique, leur incompétence à accoucher par elle-mêmes, et en leur infligeant des violences, l’accouchement hypermédicalisé agit comme un rite initiatique secret et invisible d’apprentissage de la soumission.”
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