Magali Croset-Calisto / Bondage – Théorie érotique des cordes et de l’attachement

Quelques infos sur le livre :

Bondage – Théorie des cordes et de l’attachement

  • Auteur : Magali Croset-Calisto
  • Serie : /
  • Genres : Essai théorique
  • Editeur : La Musardine
  • Collection : L’attrape-corps
  • Publication: 09/02/2017
  • Edition: broché, poche
  • Pages : 196
  • Prix : 16€
  • Rating:  

Résumé :

Le bondage est un langage.

Qu’est-ce que le bondage ? D’où vient cette pratique dont les enjeux diffèrent selon les époques et les cultures ? Comment se décline-t-il aujourd’hui ? Qui sont les attacheurs et leurs attachés ? Que recherchent-ils dans l’art des cordes ?
Autant de questions que la sexologue Magali Croset- Calisto s’est posée à travers la mise en lumière d’une pratique érotique et artistique subversive en plein essor dans notre société. Bondage est un essai historique, littéraire, sexologique et esthétique consacré à ” l’art des cordes “. Au fil de ses interviews en clubs spécialisés, écoles d’apprentissage ou soirées privées, Magali Croset-Calisto a analysé les enjeux de constriction puis de lâcher-prise qu’engage le bondage. À l’heure du monde sans fil, l’auteure démontre comment l’art des cordes vient relier les êtres entre eux. En cela, le bondage incarne une nouvelle forme 2.0 du langage dans laquelle la notion de jeu culmine.

 

Avis de BimboStratus :

Je remercie tout d’abord La Musardine pour m’avoir offert ce SP intéressant. Mon avis est très mitigé parce que j’ai apprécié ce livre sous divers aspects tout en ayant beaucoup de regrets sur le traitement du sujet.

“Bondage – Théorie des cordes et de l’attachement” n’est pas une œuvre de fiction. Magali Croset-Calisto prend bien des pincettes pour finalement qualifier son livre d’étude pluridisciplinaire. Le découpage est précis et logique : description de la pratique (deux parties), approche analytique et représentations contemporaines.

D’un point de vue formel, le niveau de langage est bon mais pas forcément adapté à de la vulgarisation, surtout quand on arrive à la partie analytique (à prendre au sens psychanalyse). Le vocabulaire utilisé a le mérite d’être précis et diversifié, mais personnellement dès qu’on rentrait dans des notions spécifiques que j’avais du mal à appréhender je décrochais assez vite de ma lecture.

Je tiens à souligner que l’autrice a l’honnêteté intellectuelle de citer ses sources même si ses références sont nombreuses. Le pendant à ceci est qu’elle précise bien lourdement dès qu’une idée vient d’elle (elle parle d’idée “inédite”, propose des néologismes qui sont de purs barbarismes – “cordaphilie”, composé d’un mot latin et d’un mot grec…).

Je trouve que les explications concernant le BDSM en règle générale sont trop présentes en comparaison de la place faite au bondage. Avoir une explication sur l’univers BDSM en début de livre m’a paru normal, mais on y revient tout le temps, et au final on a plus un livre sur “le bondage dans l’univers BDSM” que sur “le bondage”.

D’ailleurs j’ai eu l’impression que l’autrice maîtrisait très mal tout l’aspect historique du bondage et son origine japonaise. Elle explique par exemple que le bondage en tant que sport (pratique non-sexuelle en école qui se démocratise) est quelque chose de nouveau, alors qu’au Japon il existe un art martial de ligotage depuis le XVIème siècle (au moins)… J’avais d’ailleurs apprécié que le troisième tome de la Rééducation sentimentale d’Emma Cavalier soit aussi documenté sur le sujet, et là je me retrouve avec une “étude pluridisciplinaire” qui fait l’impasse dessus pour directement arriver à la torture par les cordes et sa récupération en tant que pratique sexuelle ! J’ai trouvé ça un peu dommage.

Pour résumer : trop d’informations sur le BDSM, pas assez de rigueur sur le bondage (shibari et kinbaku sont évoqués, aucune mention de l’hojōjutsu – et je vous dis ça de mon niveau de non-pratiquante et non-renseignée qui a juste tiqué sur la différence entre ce qui était expliqué par Magali Croset-Calisto et ce qui était décrit dans le roman d’Emma Cavalier et qui est allée faire ses propres recherches…).

En ce qui concerne le côté analytique de l’étude, comme dit auparavant j’ai décroché à certains endroits. La théorie principale, qui parle du lien qui se crée entre la personne qui encorde, celle qui est encordée et les potentiels spectateurs, est assez intéressante et plutôt bien expliquée. Ça reste une ébauche par contre, une hypothèse à approfondir (alors que c’est quand même censé être le sujet principal de l’étude, ce n’est clairement pas ce qui est le plus développé).

Pour terminer je dois revenir sur une grosse incohérence de Magali Croset-Calisto que je n’ai pas vraiment comprise : d’un côté elle tente de montrer que les personnes qui pratiquent le BDSM sont en majorité des personnes saines et que la médecine a utilisé trop de cas extrêmes pour servir d’exemples et montrer qu’ils sont malsains, et de l’autre elle nous explique que le BDSM soft à la mode (type 50 nuances de Grey) c’est pas le vrai BDSM et que pour revenir aux sources il faut lire Masoch, Sade, Georges Bataille, … ou encore voir “Salò ou les 120 Journées de Sodome” de Pier Paolo Pasolini ou “Baise moi” de Virginie Despentes. Et donc là je dois préciser pour ceux qui ne connaissent pas ces référence que je n’ai cité que celles dont l’autrice parle et que je connais et que dans toutes on met en scène des sadiques purs et durs qui aiment faire souffrir et torturer à mort, violer et se passer du consentement (je souligne quand même que j’ai adoré “la Vénus à la Fourrure”, jetez-vous dessus les yeux fermés, il n’est pas trop dur et écrit d’une façon exquise). Donc là je n’ai VRAIMENT pas compris le propos de l’autrice, soit elle ne les a pas lus/vus soit elle s’est mal exprimée. Au milieu d’un petit paragraphe, elle écrit “D’un côté une organisation des pulsions consciente et théâtralisée où se jouent les limites de l’être au profit d’un renforcement de l’identité (BDSM historique), de l’autre une approche édulcorée dont la recherche de la nouveauté et des plaisirs en toute sécurité constitue les principaux enjeux.” : cette partie du livre n’est pas assez développée ni précisée, elle peut être confondante et fait facilement penser que ni le plaisir ni la sécurité ne sont prioritaires dans le BDSM (ce qui contredit ce que l’autrice nous en dit tout au long de l’étude…).

À toutes fins utiles, je note que la transidentité est mal évoquée et que le livre est assez hétérocentré. Malgré tout, pour des néophytes, la lecture de “Bondage – Théorie des cordes et de l’attachement” peut être une base de compréhension de l’univers BDSM et de ses enjeux, avec une prédominance légère des cordes.

 

Extrait :

Bondage. Ou l’art de conditionner, de contraindre, de ficeler.

Bondage. Ou l’art d’encorder, d’étreindre, de ligoter.

Bondage ou l’essor singulier d’une pratique de coercition devenue au fil des siècles glissement progressif du plaisir, par l’entremise de jeux subtils de dominations et de soumission.

Vues : 71

A propos de BimboStratus

Rôliste passionnée, j'adore l'amour et le sexe. Féministe attentionnée, j'aime les nuages et les étoiles. Et les livres dans tous ça ? C'est surfait, mais y'en a des biens. Suivez mon regard.

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