Quelques infos sur le livre :
Les élues
- Auteur : Maggie Mitchell
- Serie :
- Genres : Thriller Psychologique
- Editeur : Préludes
- Collection : Préludes Noire
- Publication: 04/ 05/ 2016
- Edition: Broché
- Pages : 448
- Prix : 15,90€
- Rating:
Résumé :
« Tout le monde nous croyais mortes. Nous avions disparu depuis près de deux mois. Que pouvait-on encore espérer ? »
L’été de leurs douze ans, Loïs et Carly May ont été kidnappées et séquestrées dans un pavillon de chasse pendant six semaines. Vingt ans plus tard, Loïs enseigne la littérature britannique au sein d’une petite université de New York, et Carly May peine à relancer sa carrière d’actrice à Los Angeles. Le scenario d’un film, dont l’intrigue est semblable à ce que les deux femmes ont vécu, va de nouveau les rapporocher. Cette étrange coïncidence les confrontera aux fantômes d’un passé qui les hante.
Avis de TeaCup :
Je tiens à remercier Anne des éditions Préludes pour l’envoi de ce SP et le début de ce partenariat.
Cela faisait un bon moment que je n’avais pas lu de thriller et j’étais un peu inquiète de savoir ce qu’allait donner « Les élues ». Avec le résumé j’avais peur d’un truc affreusement glauque, très dur à lire… bref, pas inintéressant, mais qui allait mettre mon petit cœur à rude épreuve.
Ouf, je m’étais trompée ! Ce roman m’a amené là où je ne l’attendais pas en fait. Il fait la part belle à la psychologie des personnages, et s’intéresse à ce fameux enlèvement en sortant totalement des sentiers battus et de ce qu’on s’attend à lire.
Alors qu’on redoute une enfilade de scènes violentes, tout est basé sur « pourquoi ? », pourquoi le ravisseur a fait ça à ses gosses ? Pourquoi a-t-il repéré deux jeunes filles, dans des états différents, avec des histoires différentes pour les kidnapper ? Pourquoi la première jeune fille monte sans aucune hésitation ni violence dans la voiture d’un inconnu ? Aide à faire monter une seconde fille, a treize ans pas, six ou cinq, quand on est déjà bien plus méfiant ? Une énorme part du roman tient sur ces questions : la folle envie de comprendre pourquoi il a fait ça et pourquoi elles réagissent ainsi ? Car loin d’une relation violente il se met en place une relation à trois un peu biaisée – cela reste bien un kidnapping – qui se met en place entre les trois protagonistes. L’équilibre est fragile, chacun y cherche quelque chose et l’auteur tente de nous faire comprendre l’incompréhensible, des réactions à l’inverse de la logique… apparemment.
On suit les deux jeunes femmes qui ont passé la trentaine et on sait dès le départ qu’elles s’en sont sorties, qu’elles ont une vie. Mais quelle vie ? Quel traumatisme ? En quoi ce kidnapping loin dans les bois va changer leur vie ? Les deux personnages sont très différents, l’expérience qu’elles ont vécue les a changées, mais pas transformées totalement, cela a comme amplifié leur caractère. Comme si elles étaient plus aiguisées que cette séquestration avait permis de mieux comprendre ce qu’elles étaient, cachées ou ce qu’elles voulaient.
Une seconde intrigue se met en place au fur et à mesure du roman autour d’un personnage trouble qui tourne autour de Loïs une des deux héroïnes qui est professeure. Cette deuxième intrigue et cet étudiant qui harcèle l’héroïne permet une réflexion sur l’intrigue du passé et le kidnapping, jusqu’à ce qu’un parallèle se mette en place. J’ai eu plus de mal avec cet aspect du roman l’auteur développe cet étudiant trouble, un peu étrange qui tourne autour de l’héroïne et l’interroge sur son passé. Assez rapidement, on s’inquiète bien plus que l’héroïne et, pour le coup, je n’ai pas vraiment compris pourquoi ? L’explication par rapport à son passif est peut-être la bonne, mais j’ai eu du mal à y croire.Je ne peux pas vraiment me montrer plus précise sans en révéler sur l’histoire.
C’est un bon thriller si on aime s’intéresser particulièrement à la psychologie, ce n’est pas un roman nerveux et haletant, qui vous laisse le cœur battant. Ici on est dans une plongée psychologique inattendue, avec un kidnapping qu’on tente de comprendre. Plutôt que de s’intéresser à l’évasion, à un piège machiavélique, une montée de violence ou d’horreur, l’auteur prend le contre-pied de ces aspects souvent explorés. On se retrouve à chercher des raisons à des comportements a priori incohérents, mais, c’est là où j’ai trouvé ça fort, l’auteur arrive à nous les faire accepter, comprendre et à les justifier. Pas un coup de cœur, car j’ai trouvé quelques longueurs, mais un bon roman du genre.
Extrait :
J’ai toujours eu du mal à parler de ce qui s’était passé sans avoir l’air d’en faire tout un drame. Et chaque fois que ça m’arrive, je me sens coupable. J’ai l’impression d’exposer une idée de scénario pour un mélo inspiré d’une histoire vraie. Autant dire que ça ressemble à une version déformée de la vérité. Voilà pourquoi cela fait des années que je n’en ai parlé à personne.
En fait, ce n’était pas du tout dramatique. C’est même ce qui me paraît le plus frappant dans toute cette histoire : le calme avec lequel nous avons accepté ce qui nous arrivait. De mon point de vue, un enlèvement en plein jour, dans la rue principale d’une bourgade paumée du Nebraska, était loin d’être la pire chose qui pouvait m’arriver.
Sortant de mon cours de danse classique, je me dirigeais lentement vers la « Maison de la beauté » où Gail, ma belle-mère, se faisait faire une manucure et je ne sais quels autres soins. Cette femme-là consacrait beaucoup de temps et d’argent à s’entretenir. Je portais un short cycliste moulant et un tee-shirt trop grand, et de mon pas traînant d’adolescente de douze ans écrasée par la chaleur, je marchais dans la grand-rue d’Arrow, mon sac de danse rejeté sur l’épaule. Je réfléchissais à des façons de faire enrager Gail quand la voiture s’est arrêtée le long du large trottoir, juste à ma hauteur. Pour moi, elle ressemblait à n’importe quelle autre. Je n’y connaissais rien. J’ai juste remarqué qu’elle était grise et conduite par un homme que je n’avais jamais vu. Tout le monde se connaissait à Arrow, et les étrangers de passage étaient très rares. En le voyant se pencher pour baisser la vitre du côté passager, j’ai tout de suite pensé qu’il s’était perdu. Je me suis arrêtée et j’ai attendu qu’il me demande quelle direction il fallait prendre pour sortir de ce trou et retrouver la civilisation. Je devais avoir l’air d’une morveuse pas forcément disposée à rendre service.
En fait, ce n’était pas un renseignement qu’il voulait. Et il avait vu suffisamment de photos pour savoir que j’étais bien la fille qu’il cherchait.
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