Justine Niogret / Chien du heaume, tome 1 : Chien du heaume

Quelques infos sur le livre :

Chien du heaume

  • Auteur : Justine Niogret
  • Serie : Chien du heaume
  • Genres : Fantasy
  • Editeur : J’ai lu
  • Collection : J’ai lu Fantasy
  • Publication: 08/ 10/ 2011
  • Edition: Broché
  • Pages : 223
  • Prix : 5,90€
  • Rating:  

Résumé :

On l’appelle Chien du Heaume parce qu’elle n’a plus ni nom ni passé, juste une hache ornée de serpents à qui elle a confié sa vie. La quête de ses origines la mène sur les terres brumeuses du chevalier Sanglier, qui règne sans partage sur le castel de Broe. Elle y rencontre Regehir, le forgeron à la gueule barrée d’une croix, Iynge, le jeune guerrier à la voix douce, mais aussi des ennemis à la langue fourbe ou à l’épée traîtresse. Comme la Salamandre, cauchemar des hommes de guerre… On l’appelle Chien du Heaume parce qu’à chaque bataille, c’est elle qu’on siffle. Dans l’univers âpre et sans merci du haut Moyen Âge, loin de l’image idéalisée que l’on se fait de ces temps cruels, une femme se bat pour retrouver ce qu’elle a de plus cher, son passé et son identité.

 

Avis de BimboStratus :

C’est par hasard que j’ai découvert Justine Niogret, au détour d’un post sur Internet. Intriguée par l’autrice française et poussée par les récompenses reçues par son livre*, je me suis laissée tentée.

Chien est une mercenaire qui ne connaît pas son nom et le cherche. Son seul lien avec son passé est sa hache, qui appartenait à son père. On suit son voyage et sa quête, dans un Moyen-Âge décrit de façon relativement réaliste – pour ce qu’on en sait.

Ce livre dépeint une quête initiatique plutôt banale, il ne faut pas avoir envie d’une intrigue super complexe quand on se lance dedans. L’histoire est linéaire avec quelques ellipses, le récit se déroule sur quelques années.

Chien est une femme qu’on nous décrit comme peu avenante, trapue et forte. C’est une survivaliste (plus de trente ans et probablement plus toutes ses dents), elle s’est endurcie au cours de ses batailles et on la découvre solitaire au début du bouquin. Je la perçois comme un bloc de roche brut à peine dégrossi sous lequel se cachent des pépites d’or. Je l’ai trouvée très attachante dans sa simplicité et j’ai adoré la loyauté à toute épreuve dont elle fait preuve.

Grâce à son personnage principal – je n’ose pas écrire héroïne –, Justine Niogret met un grand coup de pied dans les stéréotypes de genre en brouillant toutes les lignes. Chien n’est d’ailleurs quasiment jamais sexualisée par ses congénères, ce qui change par rapport à l’image qu’on donne habituellement des femmes dans l’art en règle générale.

L’histoire est « dure ». Y’a du sang, des coups, des bassesses, des larmes. Pas d’histoire d’amour telles qu’on les entend habituellement mais des sentiments forts à peine évoqués, comme si s’épancher à propos de ses émotions était un attentat à la pudeur. Personnellement j’ai bien accroché aux descriptions des scènes, des personnages et de leurs réactions.

Le niveau de langue est soutenu – d’aucuns diront lourd –, le style de l’autrice est médiéval et le vocabulaire utilisé pour coller à l’époque du récit peut déstabiliser (mais le lexique en fin de tome vaut le détour, éclats de rire assurés).

J’ai bien aimé suivre le chemin de Chien du Heaume et des personnes qu’elle rencontre ; la fin ne m’a pas du tout déçue et j’espère que Mordre le bouclier sera une suite à la hauteur.

*Pour Chien du heaume Justine Niogret a reçu plusieurs prix, notamment le Prix Imaginales 2010 du roman francophone et le Grand Prix de l’Imaginaire.

 

Extrait :

– Car j’en ai grand besoin, pour retrouver mon nom et ma famille.
– Ton nom ? coupa sèchement le conteur. Tu cherches ton nom ? Pourquoi, et quelle importance ?
Chien du heaume ne quitta pas la dame des yeux, attendant qu’elle réponde à sa place et tienne son méchant conteur en laisse, mais elle tenait le front baissé tout comme si elle refusait de tenir tête à l’homme.
– Je n’ai jamais entendu parler d’une quête plus vaine ni plus stupide, ajouta-t-il d’une voix douce, si odieuse qu’il n’avais nul besoin de hausser le ton. Nous vivons grand danger, ici, au château, et tes ridicules questions nous empêchent de trouver ce qui nous porterait chance.
Le conteur prit sa respiration et sa maîtresse en profita pour parler.
– Il n’a pas tort, dit-elle d’une voix claire. Nous avons fort à faire nous-mêmes, et ta question me semble de peu d’importance. Alors explique-moi mieux si tu veux mon aide.
– Vous confier pourquoi je cherche mon nom… répondit Chien en la regardant dans les yeux. Vous pensez que l’importance n’y est pas, et je vous réponds que si. Vous avez des enfants, je le sais aux jouets qui sont devant votre cheminée. Imaginez que les noms n’existent plus. Imaginez que votre garçon n’en puisse porter. Comment l’appelleriez-vous ? Claqueriez-vous des doigts pour le faire venir ? Le siffleriez-vous comme un chien ? Je commence à peine et je vous vois déjà grimacer, belle dame ; c’est pourtant ce que l’on fait de moi. On me fait accourir d’un sifflement et on me nomme Chien.
» Je suis mercenaire, et je crois que le métier des armes n’a qu’un but : survivre. Que ce soit aux coups ou au temps. Je n’ai plus de famille, je l’ai perdue avec mon nom ; qui me pleurera lorsque je serai passée ? Je ne survivrai ni dans le regard ni dans les rêve de ceux que je laisse derrière moi ; je suis seule. Alors ne me reste que la chanson des armes et du fer pour me faire entendre. Mais comment raconter mes faits d’armes et mes combats, si je n’ai pas un nom à poser en souvenance de ma vie ? La survie par les histoires, c’est le seul nerf de celui qui tient une épée, belle dame ; il n’y en a pas d’autre. Vivre encore après son trépas, tout auréolé de gloire et de furie. Qui serait assez fol pour s’en aller se faire trouer la panse si personne, une fois qu’il sera mort, ne composait sa chanson ?
» Un nom fait toute la différence, parce que tout ce qui a de l’importance, sur cette terre, en porte un. Les animaux que l’on aime, on leur en offre un, mais ceux que l’on veut ignorer, on les appelle proies et on les chasse jusqu’à ce qu’ils tombent, la gorge déchirée et tout emplie de leur propre sang. Que serait l’appel à l’aide d’un frère sans un Jehan ! à crier, et qui saurait l’entendre ? À quoi ressemblerait ce que murmure une pucelle amoureuse à son oreiller sans un Arnoul sur lequel pleurer ? Et le chevalier Personne ne perdrait-il pas de sa prestance, si, après avoir défait ses ennemis, il ne pouvait crier un Ruxende en honneur de sa dame ?
» Une autre raison, oyez : des dieux m’ont vue naître, et comme je ne connais plus ma langue, je n’entendrai pas leur appel quand mon heure sera passée. Devrais-je errer dans le monde des morts comme je le fais dans celui-ci ?

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A propos de BimboStratus

Rôliste passionnée, j'adore l'amour et le sexe. Féministe attentionnée, j'aime les nuages et les étoiles. Et les livres dans tous ça ? C'est surfait, mais y'en a des biens. Suivez mon regard.

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